Là où tout a commencé

Ça y est ! Le départ est lancé. 

Le visa pour la Nouvelle Zélande a été obtenu, le billet d'avion acheté et l'annonce officielle de mon départ au travail a été faite. 

Départ le 12 novembre 2018 à 17h40 de Londres. 2 vols et 13h d'escale à Pékin

Ce voyage, qui peut sembler sorti tout droit sorti d'un chapeau (de paille mais on parlera de cette histoire après), est une suite logique de réflexions de voyageuse que j'ai depuis plusieurs années. 


Réflexions d'une voyageuse, un jour de décembre 2015, sur un banc d'un jardin dans la vieille ville de  Prague : 




"Pourquoi partir ? seule ? en stop ? dormir chez des inconnus ? Prendre des risques inutiles pour certains ? 


Je ne sais pas. Ou je ne sais que trop bien mais peu de personnes pourraient vraiment comprendre l'essence même de ces raisons. 

Pourquoi partir ? Pour fuir un peu mais aussi reprendre le contrôle en quelque sorte. C'est échapper à une vie conditionnée par le travail, le paiement des charges et parfois quand nous avons un peu de temps et d'énergie, prendre du temps pour les siens mais aussi et surtout pour soi. 

Je suis assistante sociale. C'est un travail que j'apprécie beaucoup mais qui est parfois (voire même souvent en ce moment) difficile à exercer. Dans mon domaine, c'est une profession à hautes responsabilités. Je ne dénigre pas les autres métiers qui sont durs physiquement et psychologiquement mais je ne peux pas en parler car les plus à même de les expliquer sont ceux qui les exercent. 

Cependant, je travaille avec l'Humain. Avec des personnes, des enfants, des personnes âgées, des hommes, des femmes qui ont eu un jour des difficultés, voire à être parfois dans la misère la plus profonde. On ne peut pas jouer avec la vie humaine. Il faut l'accepter dans toute sa complexité et ses formes de détresse. 

Les travailleurs sociaux sont parfois encore les seuls à aller à la rencontre des plus nécessiteux ou les oubliés. Ceux qui ne font pas parler d'eux car pas assez importants, éloignés de tout. Nous sommes le dernier bastion pour certains avant le lâcher-prise, la mise en place complète et irrévocable de la misère au sens large. 

C'est un travail à lourdes responsabilités. Si nous faisons mal ce travail, restons insensibles, blasés à certaines douleurs, demandes, nous pouvons parfois mettre des vies en danger. Il est difficile pour l'être humain de demander de l'aide et si la personne la plus à même de l'aider au mieux ne saisit pas cette demande, il y a un risque pour l'individu d'accepter la fatalité de sa situation. C'est bien pour cela que les médias disent souvent que les travailleurs sociaux n'ont rien fait lorsqu'une histoire de maltraitance est médiatisée. Ce n'est pas le juge/procureur qui, n'a pas donné suite aux différents signalements envoyés, qui est remis en cause. Ce ne sont pas les policiers, qui n'ont pas poussé plus loin leurs investigations quand ils allaient au domicile après l'appel des voisins, qui sont remis en cause. Ni l'école, qui a peut-être tardé à signaler l'absence régulière de l'enfant, qui est remise en cause. Non c'est le travailleur social qui n'a pas fait son devoir car il n'a pas su protéger "l'Humain".

De plus, dans mon secteur, je suis mandatée par le juge pour exercer des mesures de protection de l'enfance, essentiellement des mesures de garde. Je suis le tiers intermédiaire entre le juge qui ordonne et tous les partenaires qui gravitent autour de l'enfant. Lorsqu'une demande n'est pas accordée ou que la situation ne va pas dans le sens que veut la personne, ce n'est pas le juge qui est interpellé et pris à parti mais le travailleur social car personne identifiée, plus accessible... Je gère environ 30 dossiers c'est-à-dire 30 enfants dont la vie n'est plus exclusivement décidée par les parents mais par plusieurs institutions et les nombreux turn-over, fréquent dans ce secteur. 

Finalement, à penser l'essentiel de sa journée aux autres, on oublie parfois de penser à soi. 

Et donc partir, c'est un peu comme une fuite ou un renouveau. J'ai besoin de partir que cela soit à 50km ou 5000km de chez moi. C'est surtout sortir de sa zone de confort. Cela me permet de me ressourcer et de penser à moi. C'est aussi aller à la rencontre dans un autre contexte et se lancer des défis.

C'est retrouver un peu de soi dans l'autre ou dans le rien, tout dépend comment l'on conçoit le voyage. Pour moi, c'est une sorte d'échappatoire, quitter le contexte habituel, ne plus penser au travail, aux autres, à la maison me permet de mieux les apprécier en revenant. 

Et donc partir c'est bien beau mais partir comment ? en famille, en groupe, à 2, seul ? En France ou à l'étranger ? Une pension complète ou un voyage en sac à dos ? Pourquoi pour ma part avoir choisi de partir seule, en sac à dos, chez l'habitant et en auto-stop ?"

Ce texte se termine sur ces lignes. Sûrement des journées trop remplies pour écrire ou un trop plein d'émotions lors de cette écriture qui n'a pas donné envie de réitérer l'expérience. Je continue donc mes voyages en Europe sans me poser plus de questions et en essayant de maintenir l'équilibre entre ma vie en France avec le travail qui me pèse de plus en plus et mes besoins de voyages. 

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Un saut dans le temps et nous voici en mai 2017. 


Une semaine de vacances dans le pays basque avec deux amies. Une braderie à Biarritz et une rencontre avec un chapeau de paille (et oui le revoilà ;-)) Je le mets, me regarde dans le miroir et une voix dans ma tête me dit "toi je t'emmène en Australie !" Je suis étonnée de mes pensées, achète le chapeau dans un état second et passe toute ma journée à ressasser cette pensée. 

La nuit se passe et je me réveille avant mes amies (comme d'habitude lol) et réfléchis à comment je pourrais mettre en place cette idée. Une heure après, mes amies sont surprises de me voir bien réveillée, avec des papiers autour de moi et en train de leur expliquer qu'en économisant ici et en faisant cela je pourrais partir en Australie l'an prochain pour un an ! Je me rappelle encore de leur tête estomaquée, surtout quand je leur ai dit que cela venait d'un chapeau haha. 

Mais voilà la graine a germé dans ma tête, est devenue de plus en plus un arbre de possibilités, pour finir par être concrétisée par l'annonce de mon départ à ma famille, les travaux dans mon appartement et la recherche de locataires. 

Et finalement le voyage commencera par la Nouvelle Zélande en premier avant l'Australie. Tout cela en PVT (ouf encore 2 ans avant mes 30 ans) 

Donc conseil pour vous : méfiez vous des chapeaux de paille ;-)






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